Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
les vies minuscules de madame H.
12 octobre 2011

Vanité

Mon voisin est mort hier, à 77 ans. Il savait que ça allait arriver, mais ça ne s'est néanmoins pas fait suivant ses désirs. C'était un petit bonhomme très persévérant, que rien, comme il aimait à nous le répéter, n'avait fait plier, pas même la guerre. Il avait donc accepté d'aller dans cette maison de soins pour se remettre sur pied et rentrer mourir chez lui.

Je le reconnais bien là, dans cette dernière démarche : imposer sa volonté pour ses derniers instants d'une vie qu'il pensait avoir été suffisamment remplie. Mais ça ne s'est pas passé comme ça. Il est mort hier en tombant du lit, seul, dans ce centre de soins étranger. Je l'imagine tendant le bras pour se redresser, puis désserrer son étreinte, ne pouvant plus déjà imposer cette étonnante volonté à son environnement. Un bras qui retombe. Une expiration. Puis rien.

Cérémonie prévue vendredi au temple. J'aimerais faire quelque chose, dire quelque chose à sa veuve, mais les seuls mots qui montent à mes lèvres sont "Je suis désolée", désolée de votre future désolation, désolée d'avoir des enfants pleins de vie qui crient, rient et courent dans le jardin, désolée que rien dans le monde ne se taise à la mort de quelqu'un.

Publicité
Publicité
Commentaires
les vies minuscules de madame H.
Publicité
Archives
Catégories
Newsletter
Publicité